Monts et merveilles

Le Jbel Saghro est un mystère. Après un troisième passage, il me semble découvrir à nouveau, au creux de ses vallées, au sommet de ses montagnes, un pays différent. Cette année fut studieuse, avec l'objectif de publier à la rentrée un (plusieurs) ouvrage(s) sur les merveilles végétales de ce coin de paradis.  

D'ici là, je vous laisse admirer les 10 plus belles fleurs du Jbel Saghro, admirées cette année. Entre le parfum de la Warionia du Sahara (warionia saharensis), l'étrangeté du Pommier de sodome (calotropis procera), la flamboyance de la vipérine rouge (echium horridum batt.), il est difficile de choisir.

 

 

Merci aux voyageurs rencontrés qui ajoutèrent de la chaleur à un pays qui n'en manquent pourtant pas; salutations amicales à Marti (de New York) et Esther (de San Francisco), à Martin (de Baden, Suisse), à Saïd (de Nekob), à Addi (de Bab n'Lali), à Hammou et à ses enfants, Khadija, Hichem et Zahar (de Irhazzoun), à Alan (d'Angers), à Marie (de Châlons en Champagne) ...et bien sûr à mon ami et guide Hammou "Azoul".

 

 

 

La voie des genévriers

Après une parenthèse studieuse de 3 mois, je reviens vous gâter avec un tas de surprises, de projets, de cadeaux autour de ma passion botanique.

Mon projet le plus proche est un passage dans le Jebel Saghro, à la fin du mois d'Avril, pour une semaine d'immersion dans un des plus beaux spots de biodiversité du sud marocain.

Entre-autres merveilles, ses forêts de Genévrier thurifère (juniperus thurifera):

 

 

 

Et des genévriers, ils en poussent tout autour de la Méditerranée, et même au coeur de la Catalogne du Nord (Roussillon).

Ce magnifique specimen, perdu au milieu des vignes, a été retenu comme finaliste pour l'élection du plus bel arbre de l'année 2015.

Votez pour lui !!

Le vieux genévrier d'Opouls Periolls

 

La partie s'annonce rude, avec une belle mobilisation de nos amis corses (chêne vert: 1309 votes) et réunionnais (banian: 1215 votes)...

Photo: FloraTrek/ BigDaddy

NOUVEAU: Vous pouvez vous procurer mes plus beaux tirages photo, en tirage de qualité (aluminium), sur le site d'ETSY.

Ma boutique ETSY

 

 

Tanaisie

 

Tanacetum vulgare (Astéracées)

Herbe aux coqs, herbe aux mites, Tanzy (en), Bitter buttons (en), 

Tanarida (cat), Tanaceto (es)

 

La forte odeur de camphre de cette élégante Astéracée vous permettra de l’identifier rapidement le long des routes, et sur les terrains incultes.

 

Même si la célèbre sainte et botaniste, Hildegarde de Bingen (12ème siècle) lui prêtait quantités de propriétés, elle n’est plus guère prescrite aujourd’hui en interne que comme vermifuge (sous contrôle médical). Elle est aussi très utile pour éloigner les mites de vos placards.

 

Dans les campagnes, les sommités fleuries étaient jadis utilisées pour teindre la laine en jaune.

 

En cuisine sauvage, sa liqueur peut être utilisée de façon créative pour parfumer vos plats.

Selon Pierre Lieutaghi, (Le livre des bonnes herbes : 3ème édition) ses semences peuvent agrémenter discrètement les viandes, gibiers et pâtées. 

 

Attention à ne pas abuser de son parfum, car sa toxicité (et ses effets convulsivants) sont réels.

 

Recette: Baba au Rhum de Tanaisie

 

Photo/ Duncan 

La Forêt Bleue

 

Randonner en forêt de Fontainebleau est une expérience initiatique.

L’harmonie de ses essences, de ses paysages, des senteurs de cette forêt, crée chez tout promeneur des sensations puissantes et instantanées. Elle est la muse éternelle des poètes, comme Théodore de Banville, Pierre de Ronsard, ou Philippe Desportes.

Les peintres romantiques de l’école de Barbizon, comme Jean-Baptiste Corot, Charles-François Daubigny, Jean-François Millet, ou Théodore Rousseau viendront puiser leur inspiration au coeur de cette forêt enchantée. Si comme moi, vous souhaitez vous fondre dans ce paysage de beauté, je vous invite à suivre les sentiers aux flèches bleues, créés par Claude-François Denecourt au 19^ème siècle.

En cet fin d’automne, vous croiserez une nature tantôt majestueuse, comme ses arbres centenaires, qui surgissent au milieu des rochers, ou spectaculaire, comme ses teinturiers, ou raisins d’Amérique (phytolacca americana), tantôt discrète comme ses lichens bleus, ses fruits interdits (fraisier de Duchesne, Duchesnea indica), et ses champignons étranges.

A une époque, où les forêts, livrées aux lucres d’intérêts puissants, raisonnent étrangement des vers prémonitoires de Pierre de Ronsard, la forêt de Fontainebleau, continue à affronter le temps qui passe, majestueuse et impériale.

Pour continuer ce parcours, je vous recommande l’ouvrage de :

Patrick Mérienne - Forêt de Fontainebleau - Randonnées et Découvertes

 

 

Et vous, rochers sans fin, suspendus et croulants,

Sur qui l'oiseau sautille, et qui, depuis mille ans, 

Gardez, sans être las, vos effroyables poses, 

La mousse et le lichen et les bruyères roses

Ont beau vivre sur vous comme un jardin en fleur, 

Ne devine-t-on pas dans quelle âpre douleur

Un volcan souterrain, contre le jour qu'il brave, 

Jadis vous a vomis avec un flot de lave !

 

Les sauvages buissons de mûres diaprés, 

Aux rayons du soleil montraient leurs fruits pourprés. 

A peine si parfois, parmi les branches hautes, 

Un léger mouvement me révélait des hôtes ; 

Et pourtant, si ma main, écartant leur fouillis, 

Eût fait entrer le jour dans ces vivants taillis, 

J'aurais vu s'y tapir dans les ombres fumeuses

L'épouvantable essaim des bêtes venimeuses !

 

À la Forêt de Fontainebleau

par Théodore de Banville

(1823-1891)

 

Photos/ FloraTrek 2014

Merci encore à Hélène et Jean-Michel pour cette belle découverte.

Les 5 plantes les plus horribles

Oubliez citrouille, potirons et autres cucurbitacées !

 

En ce jour d'Halloween, je vous invite à explorer vos peurs les plus profondes, avec les 5 plantes les plus horribles que je connaissent.

Sorte de champignon aux dents saignantes, les jeunes sujets d’Hydnelle de Peck (Hydnellum peckii) exsudent des gouttes rouge sang. Ils auraient des propriétés anti-bactériennes, et anti-coagulantes. Charmants.

 

photo : Alan Rockefeller

 

 

Les fruits en grappe de l’Actaea pachypoda ressemblent à faire peur à une grappe d’yeux arrachés. Dénommée « Baies du fléau blanc » (white baneberry) sur le continent Nord-américain, cette plante est hautement toxique pour toutes ces parties.

 

photo: Pethan

 

 

 

Pourquoi ne pas offrir un beau bouquet de fleurs du diable (Tacca chantrieri) pour Halloween ? Également appelée « fleur chauve-souris », cette plante tropicale aux reflets brun-violacés aurait des propriétés anti-cancéreuses.

 

photo: Meneerke bloem

 

 

L’Anthurus d'Archer (anthurus archeri) est un champignon d’origine australienne, mais s’est disséminé un peu partout dans le monde. Vous apprécierez l’odeur « très spéciale » de ce "poulpe puant", dans les forêts bordelaises et vosgiennes de feuillus.

 

Photo : steveb68

 

Ses longues épines fluorescentes et piquantes rendent la tomate porcupine (Solanum pyracanthon) immédiatement identifiable. Toxique pour toutes ces parties, elle peut devenir rapidement invasive.

 

Photo : Franck Vincentz

 

Houblon, le secret de la bière

Humulus lupulus (Cannabacées)

 

Couleuvrée septentrionale, bois du diable, salsepareille indigène, vigne du Nord

Common hop (en), Lúpulo (es), Lúpulo (pt), Llúpol (cat)

 

Les Romains, croyant que le houblon suçait la sève des arbres sur lesquels il grimpait, l’appelèrent lupulus (« petit loup »). Plante vivace de la famille du chanvre, les tiges du Houblon peuvent atteindre jusqu’à 8 m de haut.

Hildegarde de Bingen (encore elle) découvrit au 12ème siècle les vertus aseptisantes et conservatrices du Houblon (ainsi que son amertume).

Plus connu pour l’arôme de ses fleurs femelles utilisées pour la bière, le Houblon est également un excellent régulateur du système pileux, en réduisant la chute des cheveux, et en diminuant l’excès de pilosité.. 

En cuisine sauvage, les jeunes pousses cuites se consomment comme des asperges !

 

Les acides (alpha et beta) contenus dans le lupulin du houblon facilitent la digestion, et participent à son pouvoir sédatif.

Etant également anaphrodisiaque, mieux vaut donc lui préférer d’autres boissons, si votre soirée se prolonge ;-)

 

Selon la FAO, ¾ de la production mondiale de Houblon, soit 81 000 tonnes est produite par 3 pays : l’Allemagne, Les Etats-Unis... et l’Ethiopie !

(La France n’en produisant que 700 tonnes, principalement en Alsace et dans le Nord Pas de Calais)

 

 

Comment mieux apprécier le Houblon,

qu’en dégustant la production locale d’un artisan brasseur ?

 

4 bières artisanales à découvrir aux 4 coins de la France !

 

EST

la Soyeuse, brassée au coeur des Monts du Lyonnais, 

10 ans d'une belle aventure, à soutenir fortement avec le financement participatif Ulule.

 

NORD

la Véliocasse, brassée au coeur du Vexin, classée Meilleure Bière au miel du monde...

 

SUD

la Naevius, brassée au coeur des Mont du Caroux, par la brasserie du Caroux

 

OUEST

la Bonnets Rouges, aromatisée aux baies de sureau

 

A consommer avec modération, évidemment.

 

 

 

Soutenez cette bière artisanale avec

 

Photo/ FloraTrek 2014

 

FloraTrek aime terraeco

 

En nous faisant découvrir la flore sauvage urbaine, 

 

En nous faisant réfléchir sur le potentiel de la biodiversité végétale, 

 

En lançant des débats environnementaux essentiels,

 

En nous présentant des plantes d’avenir,

 

En soutenant tous les défenseurs des plantes,

 

Merci à l’équipe de Terra Eco pour tous ses engagements !

 

Merci à vous, qui pouvait aider à pérenniser son action, en signant son manifeste et en la soutenant financièrement !!

 

Le manifeste à signer

 

Cirse laineux

Cirsium eriphorium (Astéracées)

 

Cirse porte-coton, Chardon lanugineux, Chardon aux ânes, Coquasse, Couronne des frères, Porte soie, Woolly Thistle (en), Cardigassa vera (cat)

 

Ce chardon laineux tire son nom du grec « Kirsos », qui fait référence à un remède ancien pour soigner les varices. Plante apéritive, le cirse laineux était jadis utilisé contre les maladies de peau.

 

Dans le langage des fleurs, le chardon est un ancien symbole celte de noblesse de caractère ainsi que de naissance. 

Est-ce pour cette raison que le chardon a été choisi comme symbole du plus haut grade écossais : l'Ordre du Chardon ?

 

En cuisine sauvage, les jeunes tiges sont tendres, croquantes et juteuses, sucrées et aromatiques, se dégustent crues ou cuites à la vapeur.

Lorsque leur taille est suffisante, les capitules des chardons peuvent aussi être consommés crus ou cuits, à la façon des artichauts. Leur saveur est très fine, mais leur préparation est un véritable jeu de patience.

Pour les téméraires, voici LA méthode de Philippe, le Ménestrel.

 

" Nemo Me Impune Lacessit "

(Personne ne me provoque impunément)

Photo/ FloraTrek 2013

L'aventure continue...

 

 

 

Bourrage, la belle orientale

 

Borago officinalis (Boraginacées)

Pain-des-abeilles, langue-de-boeuf, huître végétale, Herbe de joie, Borage, Starflower (en), Borratja (cat), Borraja (es), Borragem (pt) 

Rêches et piquantes, les feuilles de la bourrache sont caractéristiques de la famille des boraginacées.

Originaire de Syrie, son nom en arabe (abu rach) signifierait « le père de la sueur », une allusion évidente à ses propriétés sudorifiques. D’autres sources indiquent une origine celte, « barrach » signifiant « homme de courage » ; la bourrache étant réputée de donner du courage à ceux qui en manquent.

En phytothérapie, les fleurs et les feuilles de la bourrache sont considérées comme fébrifuges (elles combattent la fièvre), sudorifiques (elles activent la transpiration) et diurétiques (elles augmentent la production d’urine).

En cuisine sauvage, ses feuilles comestibles apportent une saveur de concombre aux soupes ou sauces. En Allemagne, elles rentrent dans la composition de la sauce verte de Francfort, dont paraît-il  raffolait Goethe. Ses fleurs azurées décorent les salades sauvages, en apportant un léger goût iodée, semblable aux huîtres.

Qualifiée d’audacieuse dans l’excellent ouvrage de Bernard Bertrand, « L’herbier érotique » (éd. Plume de carotte), elle était utilisée au Moyen-âge dans des préparations aphrodisiaques, auxquelles aucune femme ne pouvait résister ! Aujourd'hui, ses fleurs étoilées d’un bleu profond attirent toujours notre regard  au coeur des jardins champêtres.

Attention à ne pas abuser de cette belle séduisante, ses parties aériennes contiennent des substances toxiques pour les cellules du foie. 

Recette: Crème légère de Bourrache

Photo/ FloraTrek 2014

Oranger des osages

Maclura pomifera (Moracées)

Maclure épineux, bois d’arc, Osage orange, horse apple, hedge apples (en), Milchorangenbaum (de), Naranjo de Luisiane (es), Laranjeira-de-osage (pt)

 

Découvert au 17ème siècle par les Européens en amont du Mississipi, ce grand arbre (jusqu’à 12 m) était déjà connu des indiens Osages, natifs de ce territoire.

 

Le latex laiteux contenu dans son infrutescence, en forme de grosse orange, leur servait à se teindre le visage. Son bois dur, jaune orangé vif, était traditionnellement utilisé pour la fabrication de leurs arcs.  Le bois d’Osage est toujours recherché aujourd’hui par les facteurs d’arc et les luthiers.

 

Implantée en France pour servir de nourriture aux vers à soie dans des régions trop froides pour le mûrier, sa culture fut abandonnée, et cet arbre aux feuillages élégants trouva refuge dans les parcs et jardins.

 

Apprécié des animaux, son faux-fruit amer est éventuellement comestible pour l’homme, et aurait le goût du concombre. Encore faut-il l’avoir soumis au froid, et ne pas être trop rebouté par son latex laiteux peu appétissant !

Selon le naturaliste américain Green Deane (Eat the Weeds), ses graines seraient savoureuses, utilisables crues ou grillées, comme les graines de tournesol, dont elles rappellent la saveur.

 

Sa racine et son bois de coeur (duramen) contiennent un antibiotique non toxique, utilisable comme conservateur alimentaire. 

 

Vous pouvez admirer un magnifique spécimen d’Oranger des Osages. dans le jardin méditerranéen du mas de la serre, du Biodiversarium de Banyuls.

 

 

Photo/ FloraTrek 2014

 

 

 

Canneberge, le secret des immortels

Vaccinium subgen. Oxycoccus (Erycacées)

 

Cranberry (en), Atoca, pomme de pré (québec), Moosberen (de), Arandano rojo (es), Oxicoco (pt), 

 

L’Atoca des tribus Iroquoises, la grande airelle rouge d’Amérique du Nord, est une plante vivace, à petites fleurs ovales et roses, aux rameaux minces et rampants, et à feuilles persistantes, qui pousse à l'état sauvage dans les tourbières acides d’Amérique du Nord

 

Sa tige terminale en forme de canne de berger lui aurait donné son nom français (canneberge) ; tandis que les anglo-saxons auraient vu dans la forme de ses fleurs, une tête de grue (crane-berry).

 

Massivement cultivées et consommées aux Etats-Unis, elles accompagnent naturellement la traditionnelle dinde de la Thanksgiving.

 

Riche en antioxydants et en vitamine C, la canneberge est réputée avoir quantités de propriétés thérapeutiques, dont certaines restent à démontrer comme ses vertus anticancéreuses ou cardiovasculaires. Cependant, une récente étude (à paraître en Février 2014) de chercheurs du National Institute on Aging de Baltimore, a démontré que les cranberries pouvaient augmenter l’espérance de vie chez la mouche, de 25 à 30% !

 

INSOLITE. De culture complexe, cet arbrisseau à feuilles persistantes ne dépasse pas 30 cm de haut, mais peut vivre plus de cent ans.

 

Photo/ Liz West

 

Arganier, la corne d'abondance

Argania spinosa L. (Skeels) (Sapotacées)

 Argan (am), Argane, Bois de fer, Argan (en), Arganbaum (de), Argania spinosa (es)

Arbre emblème du Royaume du Maroc, il se trouve concentré dans la plaine du Souss, et serait un survivant de la flore du tertiaire.

Arbre multi usages, l’arganier est une véritable corne d’abondance pour le Sud Est marocain, et l’arganeraie, une réussite d’agroforesterie traditionnelle.

Ses feuilles et ses fruits servent à l’alimentation des caprins et camelins. Véritable pâturage suspendu, il constitue l’unique fourrage du bétail durant la saison sèche.

Son bois très dur et lourd (appelé bois de fer) est recherché en menuiserie, et est utilisé également comme combustible.

Son huile obtenue à partir de la noix d’argane, est très appréciée sur le plan gastronomique. En usage externe, elle est utilisée comme huile de massage et soigne certaines maladies de peau (acné..). En usage interne, elle sert à lutter contre les douleurs rhumatismales et articulaires, et l'hypercholestérolémie.

INSOLITE. Répartie sur près de 800 000 hectares, la forêt d’Arganier représente 14,25% de la totalité de la forêt Marocaine.

Photo/ FloraTrek

Alfa, la reine des steppes

Stipa tenacissima L.

Macrochloa tenacissima (L.) Kunth  (Poacées)

Stipe tenace, Sparte, Espart (cat), Halfa (ar). Esparto (es), Atocha (es), Halfagras (de)

La steppe d’Alfa, vaste « nappes » de touffes herbacées d’environ d’1 m de haut, constitue un marqueur visuel des paysages du Sud Est Marocain.

 

Cette herbacée vivace présente un fort intérêt écologique pour lutter contre l'érosion dans les régions de steppes arides. À cause des changements climatiques et de l’action de l’homme, cette plante est en régression, et remplacée par la rue sauvage (Peganum harmala L.), le pastel des teinturiers (Isatis tinctoria L.) et l'arabette des dames (Arabidopsis thaliana L.), moins efficaces contre l’érosion.

 

Plante fourragère, elle est largement pâturée par les chèvres, chevaux, chameaux et autres herbivores. En cuisine sauvage, ses graines germées sont comestibles, et forment des salades sauvages, plus digestes et riches en vitamines.

 

USAGE. 

Les atlasiens se servent de ses fibres pour fabriquer des cordages, tapis, et autres divers objets de sparterie : paniers, couffins... 

 

INSOLITE. 

Ces fibres entrent également dans la composition de papier haut de gamme, réputé pour sa douceur et son élasticité (alfa-paper).

 

Photo/ FloraTrek et Retama

Palmier nain

Chamerops humilis (Arécacées)

Doum (am), Palmier doum, Chamaerops (en), Palmito (es), Zwergpalme (de)

Spontané au Maroc jusqu’à 1200 m d’altitude, il se retrouve en Sicile, en Andalousie, et en Grèce, qui l’appelaient Phoenix chamaeriphes, ce qui signifie littéralement « palmier jeté à terre ».

Le Doum ne doit pas être confondu avec le Palmier Doum (Hyphaene thebaica), beaucoup plus grand, ni avec le Palmier nain (Serenoa repens), d’origine américaine. 

Espèce dioïque, le palmier nain se développe à partir de drageons, c’est-à-dire de jeunes pousses autonomes, qui pousse directement sur son tronc.

Au Maroc, il est fréquent de trouver les plus beaux spécimens de palmier nain dans les cimetières (ou koubas). En effet, ces espaces protègent les troncs fibreux du broutage des troupeaux, et leur permettent ainsi de se développer. 

En cuisine sauvage, le bourgeon blanchâtre des jeunes plantes peut être consommé cru ou cuit mais son goût est fade, et sans grand intérêt gustatif. Il aurait été consommé en Afrique du Nord et en Sardaigne à la façon d’un chou-palmiste comme aliment de disette salé ou sucré. En médecine populaire, ses fruits ont été utilisés pour leur propriété astringente.

USAGE. Les fibres de ses feuilles étaient autrefois utilisées comme crin végétal, pour rembourrer matelas, fauteuils et coussins. Elles servaient également à tresser des cordes, paniers (couffins) ou des bâts d’ânes.

INSOLITE. Cette plante est à l'origine du jour « chamerops » qui désigne le quatorzième jour du mois de floréal dans le calendrier républicain, soit l'équivalent du 3 mai dans le calendrier grégorien.

 

Photo/ FloraTrek

 

 

Buis

Buxus balearica Willd (Buxacées)

Baks (ar), Bakks (am), Buis de Mahon (fr), Boj balear (es), Balearic box (en)

A l’état sauvage aux Baléares, en Andalousie  et en Sardaigne, le Buis de Mahon (du nom d’une ville des Baléares) est également très présent au Maroc, jusqu’à des altitudes de 2 200 m, 

 

Le Bakks se rencontre ainsi aussi bien dans les forêts claires et sèches de Chêne vert et de Thuya de Berbérie, que de Genévrier rouge et de Cèdre du Rif, du Moyen Atlas et du Haut Atlas Oriental.

 

Dotées de feuilles plus grandes que le Buis commun (Buxus sempervirens), il est relativement peu utilisé en horticulture, notamment en art topiaire. Au Maroc, son feuillage est haché, puis mélangé à la terre agricole, comme engrais vert.

 

En homéopathie, le buis est fréquemment utilisé pour lutter contre les rhumatismes, la fièvre ou les diarrhées. En pharmacopée végétale, il doit être manié avec précaution, car ses feuilles contiennent de la buxine qui est toxique.

 

INSOLITE. Son aspect brillant après polissage en fait un matériau très utilisé pour faire des pièces d'échecs.

Photo/ FloraTrek

Oeil de la Brebis

Asteriscus pygmaeus (Astéracées)

Odontospermum pygmaeum (DC.), Astericus aquaticus (L.), Clou de terre, Astéroïde pygmée, Titt n'tili, Musmar el Ard, Nesrim (ar) 

Soumise aux rudes contraintes des climats désertiques, l’Astéroïde pygmée a adopté pour survivre la même stratégie que de nombreuses autres espèces des régions sahariennes, avec qui elle partage le nom de « Rose de Jéricho ».

Comme l’Anastatique (Anastatica hierochuntica), ses bractées se referment et persistent très longtemps. Puis elles s’ouvrent dès qu’il pleut.

Je vous laisse admirer ce magnifique "timelapse" que nous propose PablitoC4.

Photo/ FloraTrek 2013

 

Henné, colorant naturel

Lawsonia imermis (Lythracées)

L'henna (am), Hennastrauch (de), Alquena (cat), Henna tree (en), Arjeña (es), Henna (pt)

Arbre du paradis, arbre légendaire, arbre symbolique, l’Henné est omniprésent dans la société Marocaine. Il n'y a pas de cérémonies ni de fêtes religieuses sans henné. Vif, séché ou broyé, il est utilisé dans chaque manifestation : mariage, baptême ...

Les croyances populaires lui prêtent des vertus contre le mauvais œil, la maladie ou les démons. Ainsi, pour se protéger, les femmes  marocaines se font tatouer une tâche dans le creux de la main droite pour éloigner le mauvais oeil, de préférence la veille du 27ème jour, nuit sacrée du Ramadan.

Sa récolte mérite une attention particulière : après les avoir délicatement effeuillées, les feuilles d’henné sont mises à sécher à l’ombre à l’abri du vent.

Matisse s'est inspiré lors de son passage au Maroc de l'utilisation du henné, pour ses tableaux impressionnistes : "Le paravent mauresque" et "Zorah, la petite mulâtresse".

Parfum préféré de Mahomet, il devint l’une des plantes sacrées de l’islam ; comme par exemple la nigelle de Damas (Nigella damascena) ou l’acacia (Acacia raddiana).

Dans l’ancienne Egypte, ses feuilles étaient déjà recherchées pour leurs qualités tinctoriales. Notamment pour teindre les cheveux des momies (comme celle de Ramsès II), qui ainsi purent traverser les siècles jusqu’à nous sans un cheveu blanc !

Photo/ FloraTrek 2013

 

 

 

Chardon d'Espagne

Scolymus hispanicus

Chêne liège

Photo/ FloraTrek 2013